Séminaire de recherche sur les Degrés de Fictionnalité
Centre de l'Université de Chicago à Paris
6, rue Thomas Mann, 75013 Paris
4 au 7 juin 2024
Mardi 4 juin
9h30 CET Discours d'ouverture : Alison James, Akihiro Kubo, Françoise Lavocat
10h00 Stacie Friend, Université d'Édimbourg
“Dimensions de la Fictionnalité”
12h00 Déjeuner (sur place)
14h00 Marie-Laure Ryan, chercheuse indépendante
“Graduel ou Binaire ? Théories Populaires vs. Théories Formelles de la Fictionnalité”
Mercredi 5 juin
10h00 Monika Fludernik, Université de Fribourg
“Fictionnalité Graduée : Degrés de Non-Factualité et Hybridations”
12h00 Déjeuner (sur place)
14h00 Kohei Takahashi, Université des Arts Libéraux de Doshisha
“Facteurs Influant sur le Degré d'Influence de la Fiction sur les Croyances”
Jeudi 6 juin
10h00 Françoise Lavocat, Université Sorbonne Nouvelle et IUF
“La Frontière entre Fait et Fiction : Défis Contemporains”
12h00 Déjeuner (sur place)
14h00 Matthieu Letourneux, Université Paris Nanterre
“‘Non ce n’est pas un roman’: Articles Factuels et Modèles Fictionnels dans la Presse Populaire”
Vendredi 7 juin
10h00 Simona Zetterberg-Nielsen, Université d'Aarhus
“Degrés de Fictionnalité dans l'Émergence de la Fiction.”
12h00 Déjeuner (sur place)
14h00 Discussion et Conclusions – tous les participants
Résumés
Stacie Friend, “Dimensions de la Fictionnalité”
Les propriétés qui existent en degrés sont des propriétés scalaires qui peuvent être mesurées le long d'une seule dimension. Les partisans de l'idée que la fictionnalité est une telle propriété la contrastent généralement (bien que pas toujours) avec la ‘factuality’, de sorte qu'une représentation qui s'éloigne davantage des faits du monde réel est ‘plus fictionnelle/moins factuelle’ tandis qu'une qui reste plus proche de ces faits est ‘moins fictionnelle/plus factuelle’. Il ne fait aucun doute que le terme ‘fictionnel’ peut être utilisé de cette manière ; mais je soutiens que cette utilisation n'éclaire guère sur la manière dont les œuvres (textes, films, etc.) devraient être classées comme fiction ou non-fiction. Cela est dû au fait que la classification comme fiction ou non-fiction dépend de multiples dimensions d'une œuvre, plutôt que d'une valeur unique. Dans cet article, je considère quelles sont ces dimensions, et je soutiens que les cas ‘limite’ sont mieux expliqués par l'approche multidimensionnelle que par le fait de considérer la fictionnalité comme existant en degrés.
Marie-Laure Ryan, “Graduel ou Binaire ? Théories Populaires vs. Théories Formelles de la Fictionnalité”
Cette présentation commence par examiner un certain nombre de récits qui combinent faits et fiction de manière à défier les conventions des genres culturellement établis : des fictions constituées entièrement ou principalement de faits, et des récits factuels contenant des informations non vérifiées. Les théories populaires (intuitives) de la fiction expliquent de tels phénomènes en considérant la fictionnalité comme un concept graduel, mais la plupart des théories formelles sont binaires. Une exception est la théorie rhétorique de la fictionnalité, proposée par Nielsen, Phelan et Walsh (2015), qui distingue un niveau global de fictionnalité d'un niveau local, de sorte que les textes peuvent être plus ou moins fictionnels au niveau local selon leur combinaison de fait et de fiction. Je compare la théorie rhétorique à une théorie basée sur le monde qui associe la fictionnalité à des mondes imaginaires, et considère que toutes les assertions d'un texte fictionnel contribuent à la construction de ce monde, plutôt que de séparer les assertions fictionnelles des non-fictionnelles. Je compare également comment chaque théorie conçoit le but communicatif de la fiction : exprimer des messages sur le monde réel pour la théorie rhétorique, créer des mondes fictionnels pour le plaisir que nous prenons à les imaginer pour la théorie basée sur le monde.
Monika Fludernik, “Fictionnalité Graduée : Degrés de Non-Factualité et Hybridations”
Partant de la distinction de Gerald Prince entre narrativité et narrativité, cette étude examinera la question de savoir si la fictionnalité doit être un concept soit/soit ou graduel d'un point de vue narratologique. Elle commencera par reconsidérer la division fait vs. fiction, surtout à la lumière des oppositions entre non-fiction et non-factuel. Un autre aspect à discuter sera la distinction entre fictionnalité et fictivité (une différenciation typiquement germanique). J'analyserai ensuite les situations où le fait et la fiction sont mélangés (concept clé : hybridité) et discuterai des cas possibles de gradation de la fictionnalité sous les titres d'indécidabilité et de refonctionnalisation. Étant donné que j'adhère à la définition institutionnelle de la fictionnalité de Françoise Lavocat, toute gradation sera finalement un processus social plutôt que textuel.
Kohei Takahashi, “Facteurs Influant sur le Degré d'Influence de la Fiction sur les Croyances”
La lecture d'œuvres de fiction peut modifier les croyances des lecteurs sur le monde réel, notamment en ce qui concerne les faits, les valeurs et les normes. Cet article introduit le concept du Degré d'Influence de la Fiction sur les Croyances (DFIB), qui représente dans quelle mesure les œuvres de fiction peuvent transformer les croyances des lecteurs sur la réalité. Notre objectif est de poser les bases théoriques pour de futures recherches sur le DFIB, améliorant ainsi notre compréhension de comment la littérature fictionnelle influence les perceptions de la réalité des lecteurs.
Currie (2020) examine les mécanismes par lesquels la fiction affecte les croyances des lecteurs, explorant comment les lecteurs forment de nouvelles croyances sur le monde réel à partir de la fiction, même lorsqu'ils ne peuvent pas être certains que la fiction affirme quelque chose sur le monde réel. Currie identifie des facteurs tels que la "fiabilité de l'auteur", le "genre", "la valeur narrative", et "l'heuristique de disponibilité".
En développant l'analyse de Currie, cette étude suggère des facteurs supplémentaires tels que les paratextes, la motivation à la lecture et les pratiques interprétatives. Nous organisons ces facteurs en quatre catégories : les facteurs liés au texte, les facteurs liés à l'auteur, les facteurs liés au lecteur et les facteurs liés au contexte. Les facteurs liés au texte couvrent les éléments sémantiques, syntaxiques et pragmatiques, tandis que les facteurs liés à l'auteur impliquent la fiabilité perçue de l'auteur et son background. Les facteurs liés au lecteur incluent les connaissances, l'immersion et les biais cognitifs, tandis que les facteurs liés au contexte prennent en compte les contextes culturels, historiques et sociaux entourant l'œuvre, ainsi que sa réception critique et son discours public.
Cette étude vise à fournir un cadre complet pour enquêter sur les facteurs qui influencent le DFIB, contribuant ainsi à une compréhension plus profonde de la relation complexe entre la littérature fictionnelle et les croyances des lecteurs sur la réalité.
Currie, G. (2020). Imagining and Knowing: The Shape of Fiction. Oxford University Press.
Theo.BLATZ (2024-07-03 14:42:21)
commentTheo.BLATZ (2024-07-03 15:30:10)
un autre commentaire